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Une salle de concert, ayant des projecteurs de toutes les couleurs projetant leurs lumières sur une scène. On peut y voir une jeune fille, blonde, vêtue comme une fillette ; robe blanche à multiples volants, cheveux savamment bouclés et retenus par une barrette vermeille.

Cette jeune fille chante si bien, sa voix est comme le plus doux des remèdes contre la mélancolie, pouvant faire pâlir la plus belle des sirènes. Son sourire est exquis, invitant les baisés, son regard si bleu, si pur et innocent à ravir...

Applaudissement, signifiant la fin du concert, la jeune fille salut son public et dans un tourbillon de dentelles, rejoint les coulisses. Derrière les rideaux, son sourire a disparu, son regard se fit triste.

Elle rejoint lentement sa loge, regardant sans vraiment les voir, les multiples décors pour les spectacles à venir. Ouvrant la porte, où son nom y est inscrit en lettres d'or, elle va s'asseoir sur son sofa et soupir, lasse et triste de toute cette comédie...

Le temps passe, elle reste ainsi, mélancolique sur un passé perdu, un présent ne lui appartenant plus, sur un futur déjà tracé. La porte s'ouvre, la tirant de sa langueur, elle ne fait que jeter un regard indifférent à son imprésario, ravi du succès emporté par cette nouvelle chanson. Il la félicite, l'encourage à continuer.

La jeune fille fronce les sourcils, se contenta d'un haussement d'épaule et écoute les mensonges de cet homme. Soudain, s'en est trop, se levant, elle se dirige d'un pas souple et rapide vers son miroir et s'y regarde.

Que voit-elle ? Une « lolita », une jeune fille commercialisée... Une célèbre chanteuse... Elle y voit un magnifique, mais fade futur... Elle peut voir dans ce reflet tout ce que pourrez vouloir une jeune fille. Mais elle ne s'y voit pas elle. Elle ne reconnaît plus cette jeune fille, cette enfant jouant dans un parc sous un arbre.

Des larmes lui montent aux yeux, et se passant une main dans les cheveux, retire doucement sa perruque blonde, faisant ainsi déferler une cascade de jaie. Toujours doucement, usant de mouvement las, elle retire aussi la lentille colorant son oeil gauche. Clignant des yeux, elle s'observe; brune, ayant des yeux verrons, là elle se reconnaît un peu, mais son sourire n'existe plus, elle l'a depuis longtemps échangé contre une façade de bonne humeur. Derrière son dos, l'homme continu son monologue, la regardant se transformer, indifférent à sa tristesse, ne s'intéressant qu'aux chiffres qu'elle peut représenter.

Complètement écoeurée, ayant honte d'elle-même, de ce qu'elle est devenue pour avoir une part de succès. La jeune fille se retourne subitement et fixe avec rage l'homme, gras, suintant l'hypocrisie... Attrapant à l'aveuglette un pot de parfum, la chanteuse le lance sur l'imprésario en un geste violent, brusque, reflétant son désespoir et sa rage pour ce qu'elle est devenue, pour ce qu'il l'a fait devenir...

Des cris, des hurlements... Bruits de verres cassés, des insultes... Tout cela vibre dans l'air immobile de la pièce, l'homme fuit terrorisé par une telle haine, de voir dans les yeux verrons de la jeune fille une telle rage, une douleur qui la consume. La chanteuse tombe à genoux et se met à pleurer... De nouvelle seule dans sa loge, elle lâche sa rancoeur par des pleurs, des sanglots qui l'étouffent, mais la soulage tellement. Se relevant, elle laisse sa robe glisser le long de son corps, dégrafe son soutiens-gorge, ôte sa culotte. Sa peau est douce, bronzée et contraste avec ses bras, son visage et son cou qui sont blancs comme de l'ivoire.

L'eau s'échappe du robinet et percute l'émail de la baignoire, elle éclabousse les côtés, le savon sur le rebord... La jeune fille est immobile et contemple, comme hypnotisée le remous de l'eau, ses vagues, comme ensorcelée par les clapotis... Mais bientôt elle bouge, tourne le robinet, l'eau cesse sa chute et se contente de miroiter dans la baignoire. Un pied, puis un autre... Rapidement, le reste du corps, si fin et fragile, si pur et équilibré, suit et l'on peut apercevoir la blancheur s'effacer, le fond de teint se diluer dans l'eau... La peau devient entièrement halée, douce de partout...

Un soupir effleure la surface de l'eau créant des ondes, une larme roule de sa joue et chute dans le vide avant de percuter l'eau en un « ploc », un seul bruit qui brise le fragile silence qui s'était installé dans la salle de bain... La vapeur vient brouiller les reflets du miroir, trouble les contours de chaque objet...

Il manque une serviette, une flaque d'eau miroite devant la baignoire, un siphon se forme au fond de celle-ci... Des mots sont fais dans la buée sur le miroir, ils résonnent dans son esprit comme un glas... Une triste réalité, une fatalité amèrement apprise au fil des mois...


« No Futur »

La porte de la loge claque, une ombre sur les décors, il fait nuit... La lune scintille, faisant pâlir les étoiles, simples courtisanes de l'astre nocturne... Dans les rues adjacentes du bâtiment, des bruits de pas résonnent dans l'air immobile du dehors, l'ondoiement d'une chevelure où se reflétait la lueur des lampadaires, accompagne le bruissement des habits et la respiration fuyant le veloutés de douces lèvres.

Bientôt, dans la nuit claire et lumineuse, les arbres du parc se profilent au loin. La jeune chanteuse dirige alors ses pas dans cette direction, espérant trouver à la fraîcheur des ombres étendues des bas branchages, la consolation de sa tristesse. S'étendant dans l'herbe fraîche, la jeune fille contemple le ciel parsemé de points de nacres. Fermant les yeux, elle veut toucher, saisir les étoiles et voudrait s'échapper de ce monde sans visage pour aller nager dans la noirceur du ciel.

Lorsqu'elle tant les mains pour saisir les étoiles, elle sent une peau contre ses doigts... Quelque chose de froid, mais à la fois si doux... Ouvrant alors subitement les yeux, elle n'aperçoit que deux rubis qui voilent le ciel et la lune. Un rideau sombre l'exclus du monde, l'enfermant dans un tourbillon de cheveux soyeux, une odeur enivrante envahit ses sens, alors que des bras l'enserre au niveau de sa taille. Sa tête basculant en arrière, un baisé se dépose sur sa gorge, ses yeux s'emplissant de béatitude, la jeune fille laisse son corps à l'abandon de cet homme.

Un goût métallique envahit sa bouche, cuivré et pâteux, il abonde faisant frémir son corps de sursauts. L'emprise se resserre autour d'elle, maintenant elle étouffe et au travers des brumes de son esprit, elle comprend ce qui lui arrive, car un liquide poisseux et chaud inonde sa gorge et un froid engourdit ses membres, la vie s'envole de son frêle corps, s'enfuie de cette plaie écarlate, d'où perle des flots rubis... Au travers de ce plaisir illusoire, transparaît la douleur de la morsure, le vent irritant la chair à vif, tandis que l'homme boit avec une froide tendresse à cette jugulaire offerte, à ce goulot de vie, synonyme d'immortalité pour lui ,mais de déchéance et de mort pour ses victimes....

Une musique tinte à ses oreilles, la réchauffant alors d'une douce chaleur. Le sang ne coule plus, l'ombre n'est plus. Elle est immobile, étendue sur l'herbe, sa gorge est pourpre, son regard brumeux, ses cheveux sont comme une vague sur une plage émeraude. La musique s'intensifie, la réconfortant... Mais une barrière se rompe et toutes amères, des larmes roulent sur ses joues et dans le rouge de son cou, elles tracent leurs chemins, formant des arabesques, fines frontières entre la vie et la mort...

La chanson inonde maintenant son esprit et son corps, l'endormant d'une douce mélodie, la confiant à jamais dans les bras de Morphé... Lui faisant suivre les pas d'une berceuse :

"Belle enfant, doux petit ange, ne pleur plus, le noir n'est plus...

Je suis là, je suis là...

Chevalier pour toi, protecteur de tes rêves...

Belle enfant, petit ange, vient dans mes bras, vient sous mes ailes...

Les monstres ne sont plus, le noir n'est plus...

Je suis là et pour toujours avec toi....

Alors sèche tes larmes et contemple avec moi.

Le ciel est bleu, le soleil de braise...

Belle enfant, doux petit ange, ne pleur plus, le noir n'est plus...

Je suis là, je suis là...

Chevalier pour toi, protecteur de tes rêves...

Belle enfant, petit ange, vient dans mes bras, vient sous mes ailes...

Les oiseaux chantent la retraite des cauchemars, la fuite des méchants.

Petit oiseaux perdus, ne craint plus.

Car de mon chant je te ramène dans ton nid...

Les nuages chantent la disparition des chimères...

Belle enfant, doux petit ange, ne pleur plus, le noir n'est plus...

Je suis là, je suis là...

Chevalier pour toi, protecteur de tes rêves...

Belle enfant, petit ange, vient dans mes bras, vient sous mes ailes...

Ils sont partis et tu es sauf.

Petit oisillon, ferme à nouveaux les yeux et rêve de châteaux, de prince et de dragons...

Mon ange, je suis là et pour toi, je veillerais sur ton sommeil."


Alors que les ombres chaudes de la mort l'envahissaient, alors que son esprit commençait à se dissoudre, un dernier souffle franchit ses lèvres bleuies :

« Mourir... C'est renaître ? »

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